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  1. Chant 24
  2. Priam vient chercher le corps d'Hector. Achille, touché par la douleur d'un père, accepte de le lui rendre. Obsèques d’Hector dans la ville de Troie.
  3. Chant 24 :
  4. Les épreuves ayant pris fin, les Achéens se dispersèrent, rentrant dans les nefs, afin de prendre leur repas et de jouir du doux sommeil. Mais Achille pleurait, se souvenant de son cher compagnon ; et le sommeil qui dompte tout ne le saisissait pas. Il se tournait çà et là, regrettant la force de Patrocle et son cœur héroïque. Il se souvenait des choses accomplies et des maux soufferts ensemble, et de tous leurs combats en traversant la mer dangereuse. A ce souvenir, il versait des larmes, tantôt couché sur le côté, tantôt sur le dos, tantôt le visage contre terre. Puis, il se leva brusquement, et, plein de tristesse, il erra sur le rivage de la mer. Les premières lueurs d'Éôs s'étant répandues sur les flots et sur les plages, il attela ses chevaux rapides, et, liant Hector derrière le char, il le traîna trois fois autour du tombeau de Patrocle. Puis, il rentra de nouveau dans sa tente pour s'y reposer, et il laissa Hector étendu, la face dans la poussière.
  5. Mais Apollon, plein de pitié pour le guerrier sans vie, éloignait du corps toute souillure et le couvrait tout entier de l'Egide d'or, afin que le Péléide, en le traînant, ne le déchirât point. C'est ainsi que, furieux, Achille outrageait Hector ; et les Dieux bienheureux qui le regardaient en avaient pitié, et ils encourageaient le vigilant Meurtrier d'Argos [Hermès] à l'enlever. Ceci plaisait à tous les Dieux, sauf à Héra, à Poséidon et à la Vierge aux yeux clairs, qui, tous trois, gardaient leur ancienne haine pour la sainte Ilion, pour Priam et son peuple, à cause de l'injure d'Alexandre qui méprisa les Déesses quand elles vinrent dans sa cabane, où il couronna Celle qui le remplit d'un désir funeste.
  6. Quand Éôs se leva pour la douzième fois, Phœbos Apollon parla ainsi au milieu des Immortels :
  7. - Ô Dieux ! vous êtes injustes et cruels. Pour vous, naguère, Hector ne brûlait-il pas les cuisses des bœufs et des meilleures chèvres ?
  8. Maintenant, vous ne voulez pas même rendre son cadavre à sa femme, à sa mère, à son fils, à son père Priam et à son peuple, pour qu'ils le revoient et qu'ils le brûlent, et qu'ils accomplissent ses funérailles. Ô Dieux ! vous ne voulez protéger que le féroce Achille dont les desseins sont haïssables, dont le cœur est inflexible dans sa poitrine, et qui est tel qu'un lion enragé par sa grande force et par sa fureur, qui se jette sur les troupeaux des hommes pour les dévorer. Ainsi Achille a perdu toute compassion, et cette honte qui perd ou qui aide les hommes. D'autres aussi peuvent perdre quelqu'un qui leur est très cher, soit un frère, soit un fils ; ils pleurent et gémissent, puis ils se consolent, car les Moires ont donné aux hommes un esprit patient. Mais lui, après avoir privé le divin Hector de sa chère âme, l'attachant à son char, il le traîne autour du tombeau de son compagnon. Cela n'est ni bon, ni juste. Qu'il craigne, bien que très fort, que nous nous irritions contre lui, car, dans sa fureur, il outrage même les Dieux.
  9. Pleine de colère, Héra aux bras blancs lui répondit :
  10. - Tu parles bien, Archer, si on accorde des honneurs égaux à Achille et à Hector. Mais le Priamide a sucé la mamelle d'une femme mortelle, tandis qu'Achille est né d'une Déesse que j'ai nourrie moi-même et élevée avec tendresse, et que j'ai unie au guerrier Pélée cher aux Immortels.
  1. Vous avez tous assisté à leurs noces, ô Dieux ! et tu as pris part au festin, tenant ta cithare, toi, protecteur des mauvais, et toujours perfide.
  2. Zeus, qui amasse les nuées, lui répondant, parla ainsi :
  3. - Héra, ne t'irrite pas contre les Dieux. Un honneur égal ne sera pas accordé à ces deux héros ; mais Hector était le plus cher aux Dieux parmi les hommes qui sont nés dans Ilion. Il m'était cher à moi-même, car il n'oublia jamais les dons qui me sont agréables, et jamais il n'a laissé mon autel manquer d'un repas abondant, de libations et de parfums, car nous avons ces honneurs en partage. Mais, certes, nous ne ferons pas enlever furtivement le brave Hector, ce qui serait honteux, car Achille serait averti par sa mère qui est auprès de lui nuit et jour. Qu'un des Dieux appelle Thétis auprès de moi, et je lui dirai de sages paroles, afin qu'Achille reçoive les présents de Priam et rende Hector.
  4. Il parla ainsi, et la messagère Iris aux pieds voltigeants partit. Entre Samos et Imbros, elle sauta dans la noire mer qui retentit. Elle s'enfonça dans les profondeurs comme le plomb qui, attaché à la corne d'un bœuf sauvage, descend, portant la mort aux poissons voraces. Elle trouva Thétis dans sa grotte creuse ; et autour d'elle les Déesses de la mer étaient assises en foule. Là, Thétis pleurait la destinée de son fils irréprochable qui devait mourir devant la riche Ilion, loin de sa patrie. Sapprochant d’elle, la véloce Iris lui dit :
  5. - Lève-toi, Thétis. Zeus aux desseins éternels t'appelle.
  6. La Déesse Thétis aux pieds d'argent lui répondit :
  7. - Pourquoi le grand Dieu m'appelle-t-il ? Je crains de me mêler aux Immortels, car je subis d'innombrables douleurs. J'irai cependant, et, quoi qu'il ait dit, il n'aura point parlé en vain.
  8. Ayant parlé ainsi, la noble Déesse prit un voile bleu, le plus sombre de tous, et se hâta de partir. La rapide Iris aux pieds aériens allait devant. L'eau de la mer s'entrouvrit devant elles ; et, montant sur le rivage, elles s'élancèrent dans le Ciel. Elles trouvèrent là le Cronide au large regard, et, autour de lui, les éternels Dieux heureux, assis et rassemblés. Thétis s'assit auprès de Zeus Père, Athéna lui ayant cédé sa place.
  9. Héra lui mit en main une belle coupe d'or, en la consolant ; et Thétis, ayant bu, la lui rendit. Le Père des Dieux et des hommes parla le premier :
  10. - Déesse Thétis, tu es venue dans l’Olympe malgré ta tristesse, car je sais que tu as dans le cœur une douleur insupportable. Cependant, je te dirai pourquoi je t'ai appelée. Depuis neuf jours une dissension s'est élevée entre les Immortels à cause du cadavre d’Hector, et d'Achille destructeur de citadelles. Les Dieux invitaient le vigilant Hermès à enlever le corps du Priamide ; mais je protège la gloire d'Achille, car j'ai gardé mon respect et mon amitié pour toi. Va donc rapidement à l'armée des Argiens, et donne des ordres à ton fils. Dis-lui que les Dieux sont irrités, et que moi-même, plus que tous, je suis irrité contre lui, parce que, dans sa fureur, il retient Hector auprès des nefs aux poupes recourbées. S'il me redoute, qu'il le rende. Cependant, j'enverrai Iris au magnanime Priam afin que, se rendant aux nefs des Achéens, il rachète son fils bien-aimé, et qu'il porte des présents qui fléchissent le cœur d'Achille.
  11. Il parla ainsi, et la Déesse Thétis aux pieds d'argent obéit. Descendant à la hâte du faîte de l’Olympe, elle parvint à la tente de son fils, et elle l'y trouva gémissant. Autour de lui, ses compagnons préparaient activement le repas.
  1. Une grande brebis laineuse avait été tuée sous la tente. Auprès d'Achille, s'assit la mère vénérable. Le caressant de la main, elle lui dit :
  2. - Mon enfant, jusque à quand, pleurant et gémissant, consumeras-tu ton cœur, oubliant de manger et de dormir ? Cependant il est doux de s'unir par l'amour à une femme. Je ne te verrai pas longtemps vivant ; voici venir la mort et la Moire toute-puissante. Mais écoute, car je te suis envoyée par Zeus. Il dit que tous les Dieux sont irrités contre toi, et que, plus que tous les Immortels, il est irrité aussi, parce que, dans ta fureur, tu retiens Hector auprès des nefs rostrales. Rends-le donc à son père, et reçois le prix de son cadavre.
  3. Achille aux pieds rapides, lui répondant, parla ainsi :
  4. - Qu'on apporte donc des présents et qu'on emporte ce cadavre, puisque l'Olympien lui-même le veut.
  5. Auprès des nefs, la mère et le fils se parlaient ainsi en paroles rapides. Le Cronide envoya Iris dans la sainte Ilion :
  6. - Va, rapide Iris. Quitte ton siège dans l’Olympe, et ordonne, dans Ilion, au magnanime Priam qu'il aille aux nefs des Achéens afin de racheter son fils bien-aimé, qu'il porte à Achille des présents qui fléchissent son cœur. Qu'aucun autre Troyen ne le suive, sauf un héraut vénérable qui conduise les mulets et le char rapide, et ramène vers la Ville le cadavre d’Hector que le divin Achille a tué. Qu'il n'ait ni inquiétude, ni terreur. Nous lui donnerons pour guide Hermès, le Meurtrier d'Argos, qui le conduira jusqu'à Achille. Quand il sera entré dans la tente d'Achille, celui-ci ne le tuera point, et même il le défendra contre tous, car il n'est ni violent, ni insensé, ni impie, et il respectera un suppliant.
  7. Il parla ainsi, la messagère Iris aux pieds voltigeants s'élança et parvint aux demeures de Priam, pleines de gémissements et de deuil. Les fils étaient assis dans la cour autour de leur père, et ils trempaient de larmes leurs vêtements. Au milieu d'eux, le vieillard s'enveloppait dans son manteau, et sa tête blanche et ses épaules étaient souillées de la cendre qu'il y avait répandue de ses mains, en se roulant à même le sol.
  8. Ses filles et ses belles-filles se lamentaient dans les demeures, se souvenant de tant de braves guerriers tombés sous les mains des Argiens. La messagère de Zeus, s'approchant de Priam, lui parla à voix basse, car le tremblement agitait les membres du vieillard :
  9. - Rassure-toi, Priam Dardanide, et ne tremble pas. Je ne viens pas t'annoncer de malheur, mais une heureuse nouvelle. Je suis envoyée par Zeus qui, de loin, prend souci de toi et te plaint. L'Olympien t'ordonne de racheter le divin Hector, et de porter à Achille des présents qui fléchissent son cœur. Qu'aucun autre Troyen ne te suive, sauf un héraut vénérable qui conduise les mulets et le char rapide, et ramène vers la Ville le cadavre d’Hector que le divin Achille a tué. N'aie ni inquiétude, ni terreur. Hermès sera ton guide et il te conduira jusqu'à Achille. Quand il t'aura mené dans la tente d'Achille, celui-ci ne te tuera point, et même il te défendra contre tous, car il n'est ni violent, ni insensé, ni impie, et il respectera un suppliant.
  10. Ayant parlé ainsi, la véloce Iris partit. Priam ordonna à ses fils d'atteler les mulets au char, et d'y attacher une nacelle. Il se rendit dans la chambre nuptiale, parfumée, en bois de cèdre, qui contenait beaucoup de choses admirables. Il appela sa femme Hécabe, et il lui dit :
  1. - Ô très chère amie! un messager Olympien m'est venu de Zeus, afin qu'allant aux nefs des Achéens, je rachète mon fils bien-aimé, et que je porte à Achille des présents qui fléchissent son cœur. Dis-moi ce que tu penses dans ton esprit. Pour moi, mon courage et mon cœur me poussent vers les nefs et la grande armée des Achéens.
  2. Il parla ainsi, sa femme, la reine, se lamenta et répondit :
  3. - Malheur à moi ! Tu as perdu cette prudence qui t'a illustré parmi les étrangers et ceux auxquels tu commandes. Tu veux aller seul vers les nefs des Achéens, et rencontrer cet homme qui t'a tué tant de braves enfants ! Sans doute ton cœur est de fer. Dès qu'il t'aura vu et saisi, cet homme féroce et sans foi n'aura point pitié de toi et ne te respectera pas, et nous te pleurerons seuls dans nos demeures. Lorsque la Moire puissante reçut Hector naissant dans ses langes, après que je l'eus enfanté, elle le destina à rassasier les chiens voraces, loin de ses parents, sous les yeux d'un guerrier féroce. Que ne puis-je, arraché à cet homme le cœur et le lui manger ! Alors seraient expiés les maux de mon fils qui, cependant, n'est point mort en lâche, et qui, sans rien craindre et sans fuir, a combattu jusqu'à la fin pour les Troyens et les Troyennes.
  4. Le divin vieillard Priam lui répondit :
  5. - Ne tente point de me retenir, et ne sois point dans nos demeures un oiseau de mauvais augure. Si quelque homme terrestre m'avait parlé, soit un divinateur, soit un hiérophante, je croirais qu'il a menti, et je ne l'écouterais pas ; mais j'ai vu et entendu une Déesse, et je pars, car sa parole s'accomplira. Si ma destinée est de périr auprès des nefs des Achéens aux tuniques d'airain, soit ! Achille me tuera ; tandis que je me rassasierai de sanglots en embrassant mon fils.
  6. Il parla ainsi, et ouvrit les beaux couvercles de ses coffres. Il prit douze péplos magnifiques, douze couvertures simples, autant de tapis, autant de beaux manteaux et autant de tuniques.
  7. Il prit dix talents pesant d'or, deux trépieds éclatants, quatre vases et une coupe magnifique que les guerriers Thraces lui avaient donnée, présent merveilleux, quand il était allé en envoyé chez eux. Mais le vieillard en priva ses demeures, désirant dans son cœur racheter son fils. Et il chassa loin du portique tous les Troyens, en leur adressant ces paroles injurieuses :
  8. - Allez, misérables couverts d'opprobre ! N'avez-vous point de deuil dans vos demeures ? Pourquoi vous occupez-vous de moi ? Vous réjouissez-vous des maux dont le Cronide Zeus m'accable, et de ce que j'ai perdu mon fils excellent ? Vous en sentirez aussi la perte, car, maintenant qu'il est mort, vous serez une proie plus facile pour les Achéens. Pour moi avant de voir de mes yeux la Ville renversée et saccagée, je descendrai dans les demeures d'Hadès !
  9. Il parla ainsi, et de son sceptre il repoussait les hommes, et ceux-ci se retiraient devant le vieillard qui les chassait. Il appelait ses fils avec des menaces, injuriant Hélénos et Pâris, le divin Agathon, et Pammon, Antiphon, et le brave Politès, Déiphobe, et Hippothoos, et le divin Aganos. Le vieillard, les appelant tous les neuf, leur commandait rudement :
  10. - Hâtez-vous, misérables et infâmes enfants ! Plût aux Dieux que tous ensemble, au lieu d’Hector, vous fussiez tombés devant les nefs rapides ! Malheureux que je suis ! J'avais engendré, dans la grande Troie, des fils excellents, et pas un d'entre eux ne m'est resté, ni l'illustre Mestor, ni Troïlos dompteur de chevaux, ni Hector qui était comme un Dieu parmi les hommes, et qui ne semblait pas être le fils d'un homme, mais d'un Dieu.
Priam, inspiré par l'esprit de Zeus, décide d'aller réclamer à Achille le corps d'Hector.

Priam, inspiré par l'esprit de Zeus, décide d'aller réclamer à Achille le corps d'Hector.

Troïlos, un second Hector ou meilleur encore, trop tôt disparu.

Troïlos, un second Hector ou meilleur encore, trop tôt disparu.

  1. Arès me les a tous enlevés, et il ne me reste que des lâches, des menteurs, des sauteurs qui n’excellent qu’à la danse, des voleurs publics d'agneaux et de chevreaux ! Ne vous hâterez-vous pas de me préparer ce char ? N'y placerez-vous pas tous ces biens, afin que je puisse partir ?
  2. Il parla ainsi, et, redoutant les menaces de leur père, ils amenèrent le beau char neuf, aux roues solides, attelé de mulets, et ils y attachèrent une nacelle. Ils prirent contre la muraille le joug de buis, bossué et garni d'anneaux ; ils prirent aussi les courroies du timon, longues de neuf coudées, qu'ils attachèrent au bout du timon poli en les passant dans l'anneau. Ils les lièrent trois fois autour du bouton. Puis, les réunissant, ils les fixèrent par un nœud. Ils apportèrent de la chambre nuptiale les présents infinis destinés au rachat d’Hector, et ils les amassèrent sur le char. Puis, ils mirent sous le joug les mulets aux sabots solides que les Mysiens avaient autrefois donnés à Priam. Ils amenèrent aussi à Priam les chevaux que le vieillard nourrissait lui-même à la crèche polie. Sous les hauts portiques, le héraut et Priam, tous deux pleins de prudence, les attelèrent.
  3. Puis, Hécabe, le cœur triste, s'approcha d'eux, portant de sa main droite un doux vin dans une coupe d'or, afin qu'ils fissent des libations. Debout devant les chevaux, elle dit à Priam :
  4. - Prends, et fais des libations à Zeus le Père, prie-le, afin de revenir dans tes demeures du milieu des ennemis, puisque ton cœur te pousse vers les nefs, malgré moi. Supplie le Cronide Idaien qui amasse les noires nuées et qui voit toute la terre d'Ilion. Demande-lui d'envoyer à ta droite celui des oiseaux qu'il aime le mieux, et dont la force est la plus grande ; et, le voyant de tes yeux, tu marcheras, rassuré, vers les nefs des cavaliers danaens. Mais si Zeus qui tonne au loin ne t'envoie point ce signe, je ne te conseille pas d'aller vers les nefs des Argiens, malgré ton désir.
  5. Et Priam semblable à un Dieu, lui répondant, parla ainsi :
  6. - Ô femme, je ne repousserai pas ton conseil. Il est bon d'élever ses mains vers Zeus, afin qu'il ait pitié de nous.
  7. Le vieillard parla ainsi, et il ordonna à une servante de verser une eau pure sur ses mains. La servante apporta le bassin et le vase. Priam, s'étant lavé les mains, reçut la coupe d’Hécabe ; et, priant, debout au milieu de la cour, il répandit le vin, regardant le Ciel et disant :
  8. - Zeus Père, qui règne sur l'Ida, très glorieux, très grand, accorde-moi de trouver grâce devant Achille et de lui inspirer de la compassion. Envoie à ma droite celui de tous les oiseaux que tu aimes le mieux, et dont la force est la plus grande, afin que, le voyant de mes yeux, je marche, rassuré, vers les nefs des cavaliers danaens.
  9. Il parla ainsi en priant, le sage Zeus l'entendit, et il envoya le plus véridique des oiseaux, l'aigle noir, le chasseur, celui qu'on nomme le tacheté. Autant s'ouvrent les portes de la demeure d'un homme riche, autant s'ouvraient ses deux ailes. Il apparut, volant à droite au-dessus de la Ville ; tous se réjouirent à sa vue, et leur cœur fût joyeux dans leurs poitrines.
  10. Le royal vieillard monta aussitôt sur le beau char, et il le poussa ses chevaux hors du vestibule et du portique sonore. Les mulets traînaient d'abord le char aux quatre roues, et le sage Idæos les conduisait. Puis, venaient les chevaux que Priam sollicitait du fouet, et tous l'accompagnaient par la ville, en gémissant, comme s'il allait à la mort. Quand il fut descendu d'Ilion dans la plaine, tous revinrent dans la Ville, ses fils et ses gendres.
  11. Et Zeus au large regard, les voyant dans la plaine, eut pitié du vieux Priam, et, aussitôt, il dit à son fils bien-aimé Hermès :
  1. - Hermès, puisque tu te plais avec les hommes et que tu peux exaucer qui tu veux, va! conduis Priam aux nefs creuses des Achéens, et fais qu'aucun des Danaens ne l'aperçoive avant qu'il parvienne auprès du Péléide.
  2. Il parla ainsi, et le Messager Meurtrier d'Argos obéit. Aussitôt il attacha à ses talons de belles ailes immortelles et d'or qui le portaient sur la mer et sur la terre immense comme le souffle du vent. Il prit la verge qui, selon qu'il le veut, ferme les paupières des hommes ou les éveille. La tenant à la main, l'illustre Hermès s'envola et parvint aussitôt en Troade et à l’Hellespont. Il s'approcha, semblable à un jeune homme royal dans la fleur de sa belle jeunesse.
  3. Les deux vieillards, ayant dépassé le grand tombeau d'Ilos, arrêtèrent les mulets et les chevaux pour les faire boire au fleuve. Déjà l'ombre du soir se répandait sur la terre. Le héraut aperçut Hermès, non loin, et il dit à Priam :
  4. - Prends garde, Dardanide ! Ceci demande de la prudence. Je vois un homme, et je pense que nous allons périr. Fuyons au plus vite avec les chevaux, ou supplions-le en embrassant ses genoux. Peut-être aura-t-il pitié de nous.
  5. Il parla ainsi et l'esprit de Priam fut troublé, il eut peur, ses cheveux se tinrent droits sur sa tête courbée, et il demeura figé. Mais Hermès, s'approchant de lui, lui prit la main et l'interrogea ainsi :
  6. - Père, où mènes-tu ces chevaux et ces mulets, dans la nuit solitaire, tandis que tous les autres hommes dorment ? Ne crains-tu pas les Achéens pleins de force, ces ennemis redoutables qui sont près de toi ? Si quelqu'un d'entre eux te rencontrait par la nuit noire et rapide, emmenant tant de richesses, que ferais-tu ? C'est un vieillard qui te suit, et tu n'es plus assez jeune pour repousser un guerrier qui vous attaquerait. Mais, loin de te nuire, je te préserverai de tout mal, car tu me sembles mon père bien-aimé.
  7. Le vieux et divin Priam lui répondit :
  8. - Mon cher fils, tu as dit la vérité. Mais un des Dieux me protège encore, puisqu'il envoie heureusement sur mon chemin un guide tel que toi. Ton corps et ton visage sont beaux, ton esprit est sage, et tu es né de parents heureux.
  9. Et le Messager, Hermès, lui répondit :
  10. - Vieillard, tu n'as point parlé au hasard. Mais réponds, et dis la vérité. Envoies-tu ces trésors nombreux et précieux à des hommes étrangers, afin qu'on te les conserve ? ou, dans votre terreur, abandonnez-vous tous la sainte Ilion, car un guerrier illustre est mort, ton fils, qui, dans le combat, ne le cédait point aux Achéens ?
  11. Et le vieux et divin Priam lui répondit :
  12. - Qui donc es-tu, ô excellent homme ! Et de quels parents es-tu né, toi qui parles si bien de la destinée de mon fils malheureux ?
  13. Et le Messager, Meurtrier d'Argos, lui répondit :
  14. - Tu m'interroges, vieillard, sur le divin Hector. Je l'ai vu souvent de mes yeux dans la mêlée glorieuse, quand, repoussant vers les nefs les Argiens dispersés, il les tuait de l'airain aigu.
  1. Immobiles, nous l'admirions ; car Achille, irrité contre l'Atride, ne nous permettait point de combattre. Je suis son serviteur, et la même nef bien construite nous a portés. Je suis un des Myrmidons et mon père est Polyctor. Il est riche et vieux comme toi. Il a sept fils et je suis le septième. Ayant tiré au sort avec eux, je fus désigné pour suivre Achille. J'allais maintenant des nefs dans la plaine. Demain matin les Achéens aux sourcils arqués porteront le combat autour de la Ville. Ils se plaignent du repos, et les Rois des Achéens ne peuvent retenir les guerriers avides de combattre.
  2. Et le vieux et divin Priam lui répondit :
  3. - Si tu es le serviteur du Péléide Achille, dis-moi toute la vérité. Mon fils est-il encore auprès des nefs, ou déjà Achille a-t-il tranché tous ses membres, pour les livrer à ses chiens ?
  4. Et le Messager, Hermès, lui répondit :
  5. - Ô vieillard, les chiens ne l'ont point encore mangé, ni les oiseaux, mais il est couché devant la nef d'Achille, sous la tente. Voici douze jours et le corps n'est point corrompu, et les vers, qui dévorent les guerriers tombés dans le combat, ne l'ont point mangé.  
  6. Mais Achille le traîne sans pitié autour du tombeau de son cher compagnon, dès que la divine Éôs reparaît, et il ne le flétrit point. Tu admirerais, si tu le voyais, combien il est frais. Le sang est lavé, il est sans aucune souillure, et toutes les blessures sont fermées que beaucoup de guerriers lui ont faites. Ainsi les Dieux bienheureux prennent soin de ton fils, tout mort qu'il est, parce qu'il leur était cher.
  7. Il parla ainsi, et le vieillard, plein de joie, lui répondit :
  8. - Ô mon enfant, certes, il est bon d'offrir aux Immortels les présents qui leur sont dus. Jamais mon fils, quand il vivait, n'a oublié, dans ses demeures, les Dieux qui habitent l’Olympe, et voici qu'ils se souviennent de lui dans la mort. Reçois cette belle coupe de ma main, fais qu'on me rende Hector, et conduis-moi, à l'aide des Dieux, jusqu'à la tente du Péléide.
  9. Et le Messager, Hermès, lui répondit :
  10. - Vieillard, tu veux tenter ma jeunesse, mais tu ne me persuaderas pas de prendre tes dons à l'insu d'Achille. Je le crains, en effet, et je le vénère trop dans mon cœur pour le dépouiller, et il m'en arriverait malheur. Mais je t'accompagnerais jusque dans l'illustre Argos, sur une nef rapide, ou à pied ; et aucun, si je te conduis, ne me bravera en t'attaquant.
  11. Hermès, Ayant parlé ainsi, sauta sur le char, saisit le fouet et les rênes et inspira une grande force aux chevaux et aux mulets. Ils arrivèrent au fossé et aux tours des nefs, là où les gardes achevaient de prendre leur repas. Le Messager, Hermès, répandit le sommeil sur eux tous ; et, soulevant les barres, il ouvrit les portes, fit entrer Priam et ses présents splendides dans le camp, et ils parvinrent à la grande tente du Péléide.
  12. Les Myrmidons l'avaient faite pour leur Roi avec des planches de sapin, et ils l'avaient couverte d'un toit de joncs coupés dans la prairie. Tout autour ils avaient fait une grande enceinte de pieux ; et la porte en était fermée par un seul tronc de sapin, barre énorme que trois hommes, les Achéens, ouvraient et fermaient avec peine, et que le Péléide soulevait seul.
  1. Le bienveillant Hermès la retira pour Priam, et il conduisit le vieillard dans l'intérieur de la cour, avec les illustres présents destinés à Achille aux pieds légers. Il sauta du char sur la terre, et il dit :
  2. - Ô vieillard, je suis Hermès, un Dieu immortel, et Zeus m'a envoyé pour te conduire. Mais je vais te quitter, et je ne me montrerai point aux yeux d'Achille, car il n'est point digne d'un Immortel de protéger ainsi ouvertement les mortels. Toi, entre, saisis les genoux du Péléide et supplie-le au nom de son père, de sa mère vénérable et de son fils, afin de toucher son cœur.
  3. Ayant parlé ainsi, Hermès monta dans le haut Olympe ; et Priam sauta du char sur la terre, il laissa Idæos pour garder les chevaux et les mulets, et entra dans la tente où Achille cher à Zeus était assis. Et il le trouva. Ses compagnons étaient assis à l'écart ; et seuls, le héros Automédon et le nourrisson d'Arès Alcimos le servaient. Déjà il avait cessé de manger et de boire, et la table était encore devant lui. Le grand Priam entra sans être vu d'eux, et, s'approchant, il entoura de ses bras les genoux d'Achille, et il baisa les mains terribles et meurtrières, qui lui avaient tué tant de fils.
Priam et ses fils préparent la rançon d'Hector.

Priam et ses fils préparent la rançon d'Hector.

Aidé de Zeus et Hermès, le roi Priam parvient aux pieds d'Achille.

Aidé de Zeus et Hermès, le roi Priam parvient aux pieds d'Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam suppliant Achille.

Priam rachète le corps d'Hector.

Priam rachète le corps d'Hector.

Priam ramène le corps d'Hector.

Priam ramène le corps d'Hector.

  1. Quand un homme a encouru une grande peine, ayant tué quelqu'un dans sa patrie, et quand, exilé chez un peuple étranger, il entre dans une riche demeure, tous ceux qui le voient restent stupéfaits. Ainsi Achille fut troublé en voyant le divin Priam ; et les autres, pleins d'étonnement, se regardaient entre eux. Et Priam dit ces paroles suppliantes :
  2. - Souviens-toi de ton père, ô Achille égal aux Dieux ! Il est de mon âge et sur le seuil fatal de la vieillesse. Ses voisins l'oppriment peut-être en ton absence, et il n'a personne qui écarte loin de lui l'outrage et le malheur ; mais, au moins, il sait que tu es vivant, et il s'en réjouit dans son cœur, et il espère tous les jours qu'il verra son fils bien-aimé de retour d'Ilion. Mais, moi, malheureux ! qui ai engendré des fils irréprochables dans la grande Troie, je ne sais s'il m'en reste un seul. J'en avais cinquante quand les Achéens arrivèrent. Dix-neuf étaient sortis du même sein, et plusieurs femmes avaient enfanté les autres dans mes demeures. L'impétueux Arès a rompu les genoux du plus grand nombre. Un seul défendait ma ville et mes peuples, Hector, que tu viens de tuer tandis qu'il combattait pour sa patrie. Et c'est pour lui que je viens aux nefs des Achéens ; et je t'apporte, afin de le racheter, des présents infinis. Respecte les Dieux, Achille, et, te souvenant de ton père, aie pitié de moi qui suis plus malheureux que lui, car j'ai pu, ce qu'aucun homme n'a encore fait sur la terre, baiser de ma bouche la main de celui qui a tué mes enfants !
  1. Il parla ainsi, et il remplit Achille du regret de son père. Le Péléide, prenant le vieillard par la main, le repoussa doucement. Ils se souvenaient tous deux ; et Priam, prosterné aux pieds d'Achille, pleurait de toutes ses larmes le tueur d'hommes Hector ; et Achille pleurait son père et Patrocle, et leurs gémissements retentissaient sous la tente. Puis, le divin Achille, s'étant rassasié de larmes, sentit sa douleur s'apaiser dans sa poitrine, et il se leva de son siège ; et plein de pitié pour cette tête et cette barbe blanche, il releva le vieillard de sa main et lui dit ces paroles ailées :
  2. - Ah ! malheureux ! Certes, tu as subi des peines sans nombre dans ton cœur. Comment as-tu osé venir seul vers les nefs des Achéens et soutenir la vue de l'homme qui t'a tué tant de braves enfants ? Ton cœur est de fer. Mais prends ce siège, et, bien qu'affligés, laissons nos douleurs s'apaiser, car le deuil ne nous rend rien. Les Dieux ont destiné les misérables mortels à vivre pleins de tristesse, et, seuls, ils n'ont point de soucis. Deux tonneaux sont au seuil de Zeus, et l'un contient les maux, et l'autre les biens. Le foudroyant Zeus, mêlant ce qu'il donne, envoie tantôt le mal et tantôt le bien.
  1. Celui qui n'a reçu que des dons malheureux est en proie à l'outrage, la mauvaise faim le ronge sur la terre féconde, et il va çà et là, non honoré des Dieux ni des hommes. Ainsi les Dieux firent à Pélée des dons illustres dès sa naissance, et plus que tous les autres hommes il fut comblé de félicités et de richesses, et il commanda aux Myrmidons, et, mortel, il fut uni à une Déesse. Mais les Dieux le frappèrent d'un mal : il fut privé d'une postérité héritière de sa puissance, et il n'engendra qu'un fils qui doit bientôt mourir et qui ne soignera pas sa vieillesse ; car, loin de ma patrie, je reste devant Troie, pour ton malheur et celui de tes fils. Et toi-même, vieillard, nous savons que tu étais heureux autrefois, et que sur toute la terre qui va jusqu'à Lesbos de Macar, et, vers le nord, jusqu'à la Phrygie et le large Hellespont, tu étais illustre, ô vieillard, par tes richesses et par tes enfants. Et voici que les Dieux t'ont frappé d'une calamité, et, depuis la guerre et le carnage, des guerriers environnent ta ville. Sois ferme, et ne te lamente pas dans ton cœur sur l'inévitable destinée. Tu ne feras pas revivre ton fils par tes gémissements. Crains plutôt de subir d'autres maux.
  2. Le vieux et divin Priam lui répondit :
  3. - Ne me dis pas de me reposer, ô nourrisson de Zeus, tant qu’Hector est couché sans sépulture devant tes tentes. Rends-le-moi au plus tôt, afin que je le voie de mes yeux, et reçois les présents nombreux que nous te portons. Puisses-tu en jouir et retourner dans la terre de ta patrie, puisque tu m'as laissé vivre et voir la lumière d’Hélios.
  4. Et Achille aux pieds rapides, le regardant d'un oeil sombre, lui répondit :
  1. - Vieillard, ne m'irrite pas davantage. Je sais que je dois te rendre Hector. La mère qui m'a enfanté, la fille du Vieillard de la mer, m'a été envoyée par Zeus. Et je sais aussi, Priam, et tu n'as pu me cacher, qu'un des Dieux t'a conduit aux nefs rapides des Achéens. Aucun homme, bien que jeune et brave, n'eût osé venir jusqu'au camp. Il n'eût point échappé aux gardes, ni soulevé aisément les barrières de nos portes. Ne réveille donc point les douleurs de mon âme. Bien que je t'aie reçu, vieillard, comme un suppliant sous mes tentes, crains que je viole les ordres de Zeus et que je te tue. Il parla ainsi, et le vieillard trembla et obéit. Le Péléide sauta comme un lion hors de la tente. Et il n'était point seul, deux serviteurs le suivirent, le héros Automédon et Alcimos. Achille les honorait entre tous ses compagnons depuis la mort de Patrocle. Ils dételèrent les chevaux et les mulets, et ils firent entrer le héraut de Priam et lui donnèrent un siège. Puis ils enlevèrent du beau char les présents infinis qui rachetaient Hector ; mais ils y laissèrent deux manteaux et une riche tunique pour envelopper le cadavre qu'on allait emporter dans Ilion.
  2. Achille, appelant les femmes, leur ordonna de laver le cadavre et de le parfumer à l'écart, afin que Priam ne vît point son fils, et de peur qu'en le voyant, le père ne pût contenir sa colère dans son cœur irrité, et qu'Achille, furieux, le tuât, en violant les ordres de Zeus.
  3. Après que les femmes, ayant lavé et parfumé le cadavre, l'eurent enveloppé du beau manteau et de la tunique, Achille le souleva lui-même du lit funèbre, et, avec l'aide de ses compagnons, il le plaça sur le beau char. Puis, il appela en gémissant son cher compagnon :
  4. - Ne t'irrite point contre moi, Patrocle, si tu apprends, chez Hadès, que j'ai rendu le divin Hector à son père bien-aimé ; car il m'a fait des présents honorables, dont je te réserve, comme il est juste, une part égale.
  5. Le divin Achille, Ayant parlé ainsi, rentra dans sa tente. Il reprit le siège poli qu'il occupait en face de Priam, et il lui dit :
  6. - Ton fils t'est rendu, vieillard, comme tu l'as désiré. Il est couché sur un lit. Tu le verras et tu l'emporteras au retour d'Éôs. Maintenant, songeons au repas. Niobé aux beaux cheveux elle-même se souvint de manger après que ses douze enfants eurent péri dans ses demeures, six filles et autant de fils florissants de jeunesse. Apollon, irrité contre Niobé, tua ceux-ci de son arc d'argent ; et Artémis qui se glorifie de ses flèches tua celles-là, parce que Niobé s'était égalée à Léto aux belles joues, disant que la Déesse n'avait conçu que deux enfants, tandis qu'elle en avait conçu de nombreux. Elle le disait, mais les deux enfants de Léto tuèrent tous les siens. Et depuis neuf jours ils étaient couchés dans le sang, et nul ne les ensevelissait, le Cronide avait changé ces gens en pierres ; mais, le dixième jour, les Dieux les ensevelirent. Et, cependant, Niobé se souvenait de manger lorsqu'elle était fatiguée de pleurer. Et maintenant, au milieu des rochers et des montagnes désertes, sur le Sipyle, où sont les retraites des Nymphes divines qui dansent autour de l'Achéloos, bien que changée en pierre par les Dieux, elle souffre encore. Allons, divin vieillard, mangeons. Tu pleureras ensuite ton fils bien-aimé, quand tu l'auras conduit dans Ilion. Là, il te fera répandre des larmes.
  7. L’agile Achille parla ainsi, et, se levant, il tua une brebis blanche. Et ses compagnons, l'ayant écorchée, ils la préparèrent avec soin. La coupant en morceaux, ils les fixèrent à des broches, les rôtirent et les retirèrent à temps. Automédon, prenant le pain, le distribua sur la table dans de belles corbeilles. Achille distribua lui-même les chairs. Tous étendirent les mains sur les mets qui étaient devant eux.
  1. Et quand ils n'eurent plus le désir de boire et de manger, le Dardanide Priam admira combien Achille était grand et beau et semblable aux Dieux. Achille admirait aussi le Dardanide Priam, son aspect vénérable et ses sages paroles. Et, quand ils se furent admirés longtemps, le vieux et divin Priam parla ainsi :
  2. - Fais que je puisse me coucher au plus vite, nourrisson de Zeus, afîn que je jouisse du doux sommeil ; car mes yeux ne se sont point fermés sous mes paupières depuis que mon fils a rendu l'âme sous tes mains. Je n'ai fait que me lamenter et subir des douleurs infinies, prosterné sur le fumier, dans l'enceinte de ma cour. Et je n'ai pris quelque nourriture, et je n'ai bu de vin qu'ici. Auparavant, je n'avais rien mangé.
  3. Il parla ainsi, et Achille ordonna à ses compagnons et aux femmes de préparer des lits sous le portique, et d'y étendre de belles étoffes pourpres, puis des tapis, et, par-dessus, des tuniques de laine. Les femmes, sortant de la tente avec des torches en mains, préparèrent aussitôt deux lits. Alors Achille aux pieds rapides dit avec bienveillance :
  4. - Tu dormiras hors de la tente, cher vieillard, de peur qu'un des Achéens, venant me consulter, comme ils en ont coutume, ne t'aperçoive dans la nuit noire et rapide. Et aussitôt il en avertirait le prince des peuples Agamemnon, et peut-être que le rachat du cadavre serait retardé. Mais réponds-moi, et dis la vérité. Combien de jours désires-tu pour ensevelir le divin Hector, afin que je reste en repos pendant ce temps, et que je retienne les hommes ?
  5. Le vieux et divin Priam lui répondit :
  6. - Si tu veux que je rende de justes honneurs au divin Hector, en faisant cela, Achille, tu exauceras mon vœu le plus cher. Tu sais que nous sommes investis dans la Ville, et loin de la montagne où le bois doit être coupé, et que les Troyens sont saisis de terreur. Pendant neuf jours nous pleurerons Hector dans nos demeures ; le dixième, nous l'ensevelirons, et le peuple fera le repas funèbre ; le onzième, nous le placerons dans le tombeau, et, le douzième, nous combattrons de nouveau, s'il le faut ainsi.
  7. Le divin Achille aux pieds légers lui répondit :
  8. - Vieillard Priam, il en sera ainsi, selon ton désir ; et pendant ce temps, j'arrêterai la guerre.
  9. Ayant parlé ainsi, il serra la main droite du vieillard afin qu'il cessât de craindre dans son cœur. Le héraut et Priam, tous deux pleins de sagesse, s'endormirent sous le portique de la tente. Achille s'endormit dans le fond de sa tente bien construite, et Briséis aux belles joues se coucha auprès de lui.
  10. Tous les Dieux et les hommes qui combattent à cheval dormaient dans la nuit, domptés par le doux sommeil.
  11. Mais le sommeil ne saisit point le bienveillant Hermès, qui songeait à emmener le roi Priam du milieu des nefs, sans être vu des gardes sacrés des portes. Il s'approcha de sa tête et il lui dit :
  12. - Ô vieillard ! ne crains-tu donc aucun malheur, que tu dormes ainsi au milieu de tes ennemis, après qu'Achille t'a épargné ? Maintenant que tu as racheté ton fils bien-aimé par de nombreux présents, les fils qui te restent en donneront trois fois autant pour te racheter vivant, si l'Atride Agamemnon te découvre, et si tous les Achéens l'apprennent.
  1. Il parla ainsi, et le vieillard trembla ; il ordonna au héraut de se lever. Hermès attela leurs mulets et leurs chevaux, il les conduisit rapidement à travers le camp, et nul ne les vit. Quand ils furent arrivés au gué du fleuve au beau cours, du Xanthe tourbillonnant que l'immortel Zeus engendra, Hermès remonta dans le haut Olympe.
  2. Déjà Éôs au voile de safran se répandait sur toute la terre, et les deux vieillards poussaient les chevaux vers la Ville, en pleurant et en se lamentant, et les mulets portaient le cadavre. Et nul ne les aperçut, parmi les hommes et les femmes aux belles ceintures, avant Cassandre semblable à Aphrodite d'or. Du haut de Pergame, elle vit son père bien-aimé, debout sur le char, et le héraut, et le corps que les mulets amenaient sur le lit funèbre. Aussitôt elle pleura, et elle cria, par toute la ville :
  3. - Voyez, Troyens et Troyennes ! Si vous alliez autrefois au-devant d’Hector, le cœur plein de joie, quand il revenait vivant du combat, voyez celui qui était l'orgueil de la ville et de tout un peuple !
Priam et Achille.

Priam et Achille.

Priam pleurant Hector.

Priam pleurant Hector.

Priam pleurant Hector.

Priam pleurant Hector.

Cassandre annonçant aux Troyens le retour de Priam avec le corps d'Hector.

Cassandre annonçant aux Troyens le retour de Priam avec le corps d'Hector.

Cassandre.

Cassandre.

  1. Elle parla ainsi, et nul, parmi les hommes et les femmes ne resta dans la Ville, tant un deuil irrésistible les entraînait tous. Ils coururent, au-delà des portes, au-devant du cadavre. Les premières, l'épouse bien-aimée et la mère vénérable, arrachant leurs cheveux, se jetèrent sur le char en embrassant la tête d’Hector. Tout autour la foule pleurait. Certes, tout le jour, jusqu'à la chute d’Hélios, ils eussent gémi et pleuré devant les portes, si Priam, du haut de son char, n'eût dit à son peuple :
  2. - Retirez-vous, afin que je passe avec les mulets. Nous nous rassasierons de larmes quand j'aurai conduit ce corps dans ma demeure.
  1. Il parla ainsi, et, se séparant, ils laissèrent le char passer. Puis, ayant conduit Hector dans les riches demeures, ils le déposèrent sur un lit sculpté, et ils appelèrent les chanteurs funèbres, et ceux-ci gémirent un chant lamentable auquel succédaient le vocero lugubre et les mélopées monocordes des femmes.
  2. Parmi celles-ci, Andromaque aux bras blancs commença le deuil, tenant dans ses mains la tête du tueur d'hommes Hector :
  3. - Ô mon homme ! tu es mort jeune, et tu m'as laissée veuve dans mes demeures, et je ne pense pas qu'il parvienne à la puberté, ce fils enfant que nous avons engendré tous deux, ô malheureux que nous sommes ! Avant cela, cette ville sera renversée de son faîte, puisque son défenseur a péri, toi qui la protégeais, et ses femmes fidèles et ses petits enfants. Elles seront enlevées sur les nefs creuses, et moi avec elles. Et toi, mon enfant, tu me suivras et tu subiras d’honteux travaux, te fatiguant pour un maître féroce ! ou bien un Achéen, te faisant tourner de la main, te jettera du haut d'une tour pour une mort affreuse, furieux qu’Hector ait tué ou son frère, ou son père, ou son fils ; car de nombreux Achéens sont tombés, mordant la terre, sous ses mains. Ton père n'était pas doux dans le combat, et c'est pour cela que le peuple le pleure par la ville. Ô Hector ! tu accables tes parents d'un deuil inconsolable, et tu me laisses surtout en proie à d'affreuses douleurs, car, en mourant, tu ne m'auras point tendu les bras de ton lit, et tu ne m'auras point dit quelque sage parole dont je puisse me souvenir, les jours et les nuits, en versant des larmes.
  4. Elle parla ainsi en pleurant, et les femmes gémirent avec elle ; et, au milieu de celles-ci, Hécabe continua le deuil désespéré :
  5. - Hector, le plus cher de tous mes enfants, certes, les Dieux t'aimaient pendant ta vie, car ils ont veillé sur toi dans la mort. Achille aux pieds rapides a vendu tous ceux de mes fils qu'il a pu saisir, par-delà la mer stérile, à Samos, à Imbros, et dans la barbare Lemnos. Il t'a arraché l'âme avec l'airain aigu, et il t'a traîné autour du tombeau de son compagnon Patrocle que tu as tué et qu'il n'a point fait revivre ; et, maintenant, te voici couché comme si tu venais de mourir dans nos demeures, frais et couvert de rosée, semblable à un homme que l'Archer Apollon vient de frapper de ses divines flèches.
  6. Elle parla ainsi en pleurant, et elle excita les gémissements des femmes ; et, au milieu de celles-ci, Hélène continua le deuil :
  7. - Hector, tu étais le plus cher de tous mes frères, car Alexandre, plein de beauté, est mon époux, lui qui m'a conduite dans Troie. Plût aux Dieux que j'eusse péri auparavant ! Voici déjà la vingtième année depuis que je suis venue, abandonnant ma patrie, et jamais tu ne m'as dit une parole injurieuse ou dure, et si l'un de tes frères, ou l'une des tes sœurs, ou ma belle-mère, - car Priam me fut toujours un père plein de douceur, - me blâmait dans nos demeures, tu les avertissais et tu les apaisais par ta douceur et par tes paroles bienveillantes. C'est pour cela que je te pleure en gémissant, moi, malheureuse, qui n'aurai plus jamais un protecteur ni un ami dans la grande Troie, car tous m'ont en horreur.
  8. Elle parla ainsi en pleurant, et tout le peuple gémit.
  9. Mais le vieux Priam leur dit :
  1. - Troyens, amenez maintenant le bois dans la Ville, et ne craignez point les embûches dangereuses des Argiens, car Achille, en me renvoyant des nefs noires, m'a promis de ne point nous attaquer avant qu'Éôs ne soit revenue pour la douzième fois.
  2. Il parla ainsi, et tous, attelant aux chars les bœufs et les mulets, aussitôt se rassemblèrent devant la Ville. Pendant neuf jours, ils amenèrent des monceaux de bois. Quand Éôs reparut pour la dixième fois éclairant les mortels, ils placèrent, en versant des larmes, le brave Hector sur le faite du bûcher, et ils y mirent le feu. Quand Éôs au doigt de rose, née au matin, reparut encore, tout le peuple se rassembla autour du bûcher de l'illustre Hector. Et, après s'être rassemblés, ils éteignirent d'abord le bûcher où la force du feu avait brûlé, avec du vin noir.
  3. Puis, ses frères et ses compagnons recueillirent en gémissant ses os blancs ; et les larmes coulaient sur leurs joues. Ils déposèrent dans une urne d'or ses os fumants, et l'enveloppèrent d’un voile pourpre. Puis, ils la mirent dans une fosse creuse recouverte de grandes pierres, et, au-dessus, ils élevèrent le tombeau. Des sentinelles veillaient de tous côtés de peur que les Achéens aux belles cnémides ne se jetassent sur la Ville. Puis, le tombeau étant achevé, ils se retirèrent et se réunirent en foule, afin de prendre part à un repas solennel, dans les demeures du roi Priam, nourrisson de Zeus.
  4. C'est ainsi qu'ils accomplirent les funérailles d’Hector dompteur de chevaux.
Andromaque, Hécube, Hélène pleurent Hector, Priam éloigne les curieux.

Andromaque, Hécube, Hélène pleurent Hector, Priam éloigne les curieux.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

Andromaque et Astyanax.

Andromaque et Astyanax.

Andromaque pleurant Hector. Fin de l'Iliade.

Andromaque pleurant Hector. Fin de l'Iliade.

Les funérailles d'Hector. Fin de l'Iliade.

Les funérailles d'Hector. Fin de l'Iliade.

Les funérailles d'Hector. Fin de l'Iliade.

Les funérailles d'Hector. Fin de l'Iliade.

Les funérailles d'Hector.

Les funérailles d'Hector.

Andromaque et Astyanax.

Andromaque et Astyanax.

Andromaque et Astyanax.

Andromaque et Astyanax.

Andromaque et Astyanax.

Andromaque et Astyanax.

  1. Michaud, Louis-Gabriel, Biographie universelle ancienne et moderne (1843) 45 volumes (Tome 19).
  2. HOMÈRE, le plus grand et peut-être le moins connu de tous les poètes. Après tant de siècles, tous les détails de sa vie sont encore un objet de doute, et son existence même est un problème. Les uns le font naître en Égypte, et lui donnent pour père Damagoras, et Echras pour mère : sa nourrice, fille d'Horus, prêtre d’Isis, est une prophétesse. II joue dans son lit avec neuf tourterelles, et les premiers accents de sa voix ressemblent au ramage de neuf espèces d'oiseaux. Les autres lui accordent une origine plus illustre encore ; mais tandis que ses partisans lui composent ces brillantes généalogies et le font descendre d'Apollon même en droite ligne, ses détracteurs ne voient en lui qu'un misérable, qui mendie de ville en ville ; un plagiaire, qui parcourt le monde pour rechercher les auteurs qui avaient écrit avant lui sur la guerre de Troie ; un esprit médiocre, facilement vaincu dans sa lutte poétique arec Hésiode, etc.
  3. La plus célèbre et la moins ridicule de ces histoires prétendues est celle que l'on a continué d'attribuer à Hérodote, malgré les doutes et les conjectures de plusieurs savants.
  4. Mais on a trouvé piquant, sans doute, que le père de l'histoire eût écrit la vie du père de la poésie, et 1es choses en sont restées là. Quoi qu'il en soit, puisque Strabon n'a pas dédaigné de se faire une autorité de ce roman historique, ni le savant Larcher de le traduire (voy. HÉRODOTE), nous croyons devoir en donner ici une analyse rapide. Un certain Ménalippe, Athénien d'origine, établi à Cumes, en Ionie, eut une fille nommée Crithéis, qui, après la mort de ses parents, passa sous la tutelle de Cléanax, ami de son père. Ce Cléanax abusa du dépôt qui lui était confié, et la grossesse de Crithéis s'étant manifestée, il la fit passer à Smyrne, où elle donna le jour à Homère, et fut réduite à filer de la laine pour subsister. Phémios, qui tenait à Smyrne une école très accréditée de belles-lettres et de musique, conçut de l'amour pour elle, l'épousa et adopta son enfant. Devenu orphelin, le jeune Homère succéda aux biens et à l'école de son père adoptif, et il s'acquit bientôt une grande réputation. Mais un patron de vaisseau, appelé Mentès, lui persuada de le suivre dans ses voyages.
  5. Homère, qui déjà méditait l’Iliade, et qui voulait acquérir par lui-même la connaissance des hommes et des lieux, ne laissa point échapper une si favorable occasion. Après avoir vu l'Italie et l'Espagne, il descendit à l'île d'Ithaque, où il apprit sur Ulysse beaucoup de particularités. Il voulut ensuite retourner à Smyrne, où il termina son Iliade. Mais la faveur publique l'avait abandonné. Il quitta de nouveau cette terre ingrate, et erra dans plusieurs villes de l'Asie Mineure, en récitant ses vers et en éprouvant tour a tour la bonne et la mauvaise fortune. Enfin il s'établit à Chio, où il ouvrit une école, acquit du bien, se maria, devint aveugle et père de deux filles. C'est dans cette retraite qu'il composa l’Odyssée ; mais ayant voulu passer en Grèce pour faire briller sa gloire sur un plus grand théâtre, il mourut dans la traversée, à l'île d'Ios, une des Sporades dont les habitants lui élevèrent un tombeau sur le bord de la mer. Si rien de tout cela n'est vrai, comme il est permis de le penser, rien du moins ne choque dans ce récit ; et si ce n'est en effet qu'un roman, il a du moins un certain degré de vraisemblance. De toutes les villes qui se sont disputé le berceau d'Homère, Smyrne et Chio sont celles qui ont appuyé leurs prétentions des preuves les plus plausibles en apparence. Les citoyens de Chio se vantaient de posséder, dans la famille des Homérides, les descendants de ce poète illustre, et avaient frappé en son honneur une médaille qui représentait Homère et le fleuve Mélès sur les bords duquel on le disait né : de là le surnom de Mélésigène.
  6. Ce qu'il y a de plus probable, au milieu de tant d'opinions différentes, c'est qu'Homère avait vu le jour près de Smyrne, que sa vie fut errante, comme celle des poètes de son temps ; qu'il visita, dans de fréquents Voyages, les différentes villes grecques, composant des hymnes pour les fêtes des dieux, et récitant ses poèmes dansés dans les assemblées religieuses et solennelles ; qu'il perdit la vue ; qu'il vécut pendant quelque temps à Chio, et qu'il mourut assez âgé dans la petite île d'Ios. Mais s'il fut réduit à l'indigence, et obligé même quelquefois de mendier un asile pendant sa vie, les Smyrnéens, Ptolémée Philopator et d'autres lui consacrèrent des temples après sa mort, et les Argiens lui rendirent des honneurs divins. L'époque où naquit ce grand poète n'est pas moins obscure. Si l'on en croit quelques écrivains Achéens, il fut contemporain du siège de Troie, et avait vu par conséquent ce qu'il a chanté. D'autres placent sa naissance à une époque plus rapprochée de nous de quatre-vingts, de cent, et même de plus de trois cents ans. Velleius Paterculus, qui écrivait sur la fin du règne de Tibère, vers l'an 37 de J.-C., dit que neuf cent cinquante ans se sont écoulés depuis Homère jusqu'à lui. Pline et Juvénal, qui fleurirent sous Vespasien et Domitien, en comptent près de mille et Solin assigne avec une sorte d'assurance l'époque de la mort d'Homère, en la fixant à la soixante-douzième année qui suivit la prise de Troie. Dans ce conflit, ou plutôt dans ce chaos d'opinions diverses, le savant Larcher dont l'avis raisonné est une autorité en matière chronologique, établit un calcul en vertu duquel notre poète doit être né huit cent quatre-vingt-quatre ans avant notre ère ; et cette époque parait en effet plus conciliable avec les détails des arts brillants et somptueux d'un luxe très raffiné, qu'il nous retrace quelquefois, et qui semblent peu compatibles avec la grossièreté d'un siècle plus rapproché du temps de la guerre de Troie.
Andromaque pleurant Hector.

Andromaque pleurant Hector.

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